# Braciole pour Agnès Desarthe #
Braciola veut dire côtelette en Italien. Mais cette recette n'a rien à voir avec des côtelettes, ce serait plutôt des paupiettes aux herbes et au fromage. Allez y comprendre quelque chose. Peut-être que ça veut dire autre chose en patois des Pouilles, je l'ignore. En plus, il n'y a qu'un "c" à braciole et on prononce bratchiolé. Quel casse-tête. Toujours est-il, hein. Toujours que si on aime la cuisine, il faut lire ce roman d'Agnès Desarthe, Mangez-moi, onirique et poignant, chaleureux, amoureux, sensuel. Je me doutais bien qu'Agnès était de ce bois-là, qu'elle entendait sous les plats les histoires, sous les mains qui cuisinent les caresses.
J'ai mangé avec elle dans une vie antérieure et le coup de fourchette, la lueur au fond du regard ne trompent pas. Joyeuse convive, la dame se tient à table avec classe et imagination, je l'ai aimée mangeant joliment sans goinfrerie et sans chipotage, sans avidité ni indifférence, enthousiaste à la conversation comme au vin, avant de la connaître écrivain. Au retour de ce repas magique où nous nous sommes bien gobées, je l'ai lue et depuis, elle m'accompagne. Je l'entends souvent rire haut et clair quand j'écris un peu.
> Ingrédients
- steaks de gîte de bœuf de 50 à 70 grammes pièce (on comptera de 2 à trois pièces par personne)
- persillade
- copeaux de parmesan
- Un oignon
- purée de tomates
- pulpe de tomates
- un verre de vin blanc sec
- basilic
- ail
- sel
- poivre
1- La sauce
Faire revenir un oignon émincé finement dans de l'huile d'olive. Quand il est transparent, commence juste à prendre couleur, ajouter un verre de vin blanc, laisser réduire 4 à 5 mn, ajouter 400 g de pulpe de tomates épépinées et pelées, 500 grammes de purée de tomates (oui, ça va faire beaucoup de sauce mais au final elle aura un tel goût, après ses trois heures de cuisson, parfumée par la viande, que vous serez bien content d'avoir congelé le rab pour accompagner une assiette de pâtes un soir de disette), un grand verre d'eau (on peut préférer mettre du bouillon de bœuf) du sel, poivre à peine, ail haché menu ou pressé, un tas de basilic haché. Lancer la cuisson à feu moyen pendant qu'on prépare les paupiettes.
2- On a fait aplatir la viande par son gentil boucher ou on la tape soi-même, à grand coups de manche de couteau lourd. Ou au rouleau à pâtisserie (là on peut penser à tout ce qui nous pourrit la vie, l'aplatissage de steaks évite les débordements caractériels, j'en jurerais, ça garde digne en toute circonstance, ça apprend à se présider face à l'adversité)
3- Saler et poivrer chaque tranche. Répandre de la persillade selon son goût et quelques beaux copeaux de parmesan. Rouler serré, fermer à la ficelle ou/et aux cure-dents.
4- Faire revenir à l'huile d'olive de toutes parts.
5- Passer la sauce au mixer plongeant, jeter la viande dedans (enfin… "jeter" c'est vite dit hein, gaffe aux éclaboussures, vous pouvez tout aussi bien "déposer") laisser ratasser à tout tout tout petit feu pendant 3 heures à découvert.
6- A la mode italienne, on les servira seules après une entrée de pâtes (orechiette fortement recommandées) à la mode française on servira tout en même temps (orechiette toujours aussi fortement recommandées).