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DEDICACESSEN
12 février 2007

[Avant l'aube]..........

annivsara

15 ans.

Sauf que c’était un mercredi. Mais il est vrai que j’étais partie un lundi soir à la maternité. Je m’étais douchée, et… maquillée. J’avais lavé mes cheveux, pris le temps d'un brushing, je voulais être jolie pour mon bébé. 48 heures plus tard je ne sais pas comme elle m’a trouvée, je n’ai pas pensé à me repoudrer le bout du nez. Oh l’émotion qui balaie toutes les autres ! Oh le grand voyage. Toute une aventure chaude et luisante sur mon ventre posée. " mon bébé, mon bébé ". C’est tout ce que j’étais capable de dire, de pleurnicher, de rire, tout à la fois. Après quelques minutes je me suis souvenue de Dolto, et je lui ai dit : " Ah oui ! Bienvenue ! ". Et j’ai ri encore, elle n’a même pas sursauté à ma cascade en contre-ut de Castafiore, elle connaissait déjà ; de l'intérieur. J’ai oublié Françoise dans la seconde qui a suivi pour lui faire la première promesse partiellement menteuse, oublieuse au moins  : " tu verras, on va bien s’amuser ".

15 ans. Ma jeune fille a 15 ans. Est-ce cette heure juste avant l’aube dont tu m’as parlé ? Sa minute d’avant le jour des premières amours infinies, extravagantes et totales qu’elle connaîtra forcément, la fille à sa maman, ce cœur qui bat, qui bat… qui battait déjà dedans mon ventre. 15 ans. C’est une peine de prison. Elle va bientôt franchir les grilles. S’envoler pour mauvaise conduite. Je n’avais même pas pensé tout de suite à vérifier qu’elle était entière, non, je tentais d’ouvrir ses minuscules mains pour lire son destin. Folle. J’ai fini par demander : " au fait ! c’est quoi ? ". Et on m’a répondu : " une fille ". Bien sûr une fille. La finesse des traits, ces yeux étirés haut aux tempes, le nez retroussé aux anges. Forcément, ce n’est pas ce que je demandais, je crois. Je demandais : c’est quoi cette tempête ? c’est quoi cette vague ? c’est quoi ce qui m’agite et ne cessera plus, je le pressens ? c’est quoi ce vertige ? Une fille. Quand son papa a parlé, elle a redressé la tête " oh elle est très éveillée, très tonique ! " s’est exclamée la sage-femme comme si elle n’avait jamais vu pareil miracle.

J’ai cette chance : son visage est resté le même. Son regard aussi. Ma petite grande. 12/02/92. Elle n’aime que les chiffres pairs, elle rouspète après l’école et les profs, elle écoute toutes les musiques qui lui tombent sous l’oreille, elle regarde les garçons et les trouve si beaux, elle rit fort avec ses copines, elle court, elle s’avachit sur le canapé, elle dit : " câlin ? " . Elle dit " oh non maman ! pfff ! encore ? ". elle sourit, elle boude, elle est tête à claques, elle est tête à embrasser. Elle sent incroyablement bon, épais. Sous l’oreille, dans le cou, il y a de la fraise et du jasmin. Sur le dessus de la tête, il y a du chaton. Le soir, je lui fais souvent peur à la renifler quand elle dort. " mais euh mmrlouirf qu’est-ce que ? ? ? ! ! "… " chhhuuut… dors, je suis là ". Elle me parle mal parfois et je le lui rends bien. On est deux filles, on se bat. Elle me tient debout aussi. Elle m’a donné tant de force, tenu la main si souvent quand je faisais mine que c’était moi qui la guidais.

Elle sera musicienne, c’est couru d’avance, elle chante du classique, elle joue du piano, de la guitare, elle a l’oreille de son papa et l’air de sa maman. Mais elle ne range jamais sa chambre, mais moi non plus. Mais elle est parano. Mais moi aussi. Mais mais il n’y a pas de mais. Elle aime encore frotter le nez de son lapin fétiche en peluche pour entendre cet écho d’enfance, toute proche, déjà si loin. Elle n’aime pas Sarko, elle aime Muse, elle n’aime pas les injustices, elle aime les dos des jeunes hommes à la piscine, elle n’aime pas la violence dans son collège, elle aime avoir de la répartie, elle n’aime pas se lever, elle aime le cinéma, elle n’aime pas trop lire, elle aime Annecy, elle aime l’Italie, elle n’aime pas les films qui font peur, elle aime Tim Burton, elle aime dire des gros mots, elle n’aime pas les arêtes dans le poisson, elle aime… les fraises. En hiver.

Tu veux quoi comme gâteau d’anniv’ ?

Un fraisier ?

Un fraisier.

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La recette ici.

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Commentaires
D
Moi c'est mon ventre, qui est dehors et qui marche, sous des cheveux châtains et des yeux gris. Ce n'est pas elle qui est dedans, c'est moi qui suis dehors. :)
V
Comme c'est beau ce que tu dis là.<br /> Comme je nous retrouve en te lisant. J'ai eu les même premiers mots que toi. Ma petite grande à moi aura 7 ans. C'était un dimanche. C'était ailleurs. C'était dans un autre monde.<br /> Mais comme ça lui ressemble !! Elle a aussi toujours le même visage, le même regard. Elle sera aussi musicienne, comme son père. Elle ne rangera pas sa chambre, comme sa mère.<br /> Un jour, alors qu'elle avait trois ans, nous nous promenions dans la rue, nous marchions main dans la main. Je me suis rendue compte que j'avais complètement oublié de couper le cordon après la naissance. Cette petite était toujours dans mon ventre... et elle était liée, nous étions liées par nos mains... C'était ma façon à moi de la protéger du monde extérieur... Etonnant, non ?
D
> Sandra... décidément, oui... :) pas mal de points communs, on dirait. Tu ne peux pas savoir comme ça me fait plaisir.<br /> > Boh, j'ai de la mémoire, Gracianne, je ne peux pas dire du mal de l'adolescence, j'y suis passée, j'ai pas été meilleure que les autres, voire pire.<br /> > Souchette... J'adore "tripal". :))) tu le sais ? Merci.<br /> > titelyre, bois un coup, ça passera mieux les miettes d'écran.
T
la question est : vais je arriver à poster sur ce fichu blog ? j'y crois, je recommence chaque fois et que dalle... mais là quand même.<br /> en effet je n'avais rien suivi de quand était l'anniversaire de la jolie jeune fille, mais j'avais trouvé premièrement qu'il s'agissait d'elle et deuxièmement qu'on y était presque, ou qu'on y était déjà ou quelque chose comme ça.<br /> j'aime comme tu parles d'elle, je te l'ai déjà dit, c'est toujours plein de tendresse même quand tu y mêles l'agacement. "non pfff quand même elle est vraiment" le tout avec un sourire de "qu'est ce que je suis fière de ma fille". tu as bien raison.<br /> en même temps, pour avoir un tel fraisier pour son anniversaire de février, faut être chouette, sinon ça ne marche pas.<br /> bref, encore une fois je vais saliver devant l'oeuvre et me jeter sur l'écran avant de finalement me souvenir que l'écran ne retranscrit même pas le gout. ça fait quoi de mordiller dans un écran ? bon j'abandonne.<br /> <br /> bon anniversaire à la grande (!) fille et mhhhm quel fraisier.
S
C'est joli ces mots d'amour. En tous cas, c'est tripal et pourtant joli (joli, ce n'est pas forcément mièvre, c'est tendre pour moi).<br /> <br /> J'aimerais que ma fille ait encore 15 ans (quoique!).<br /> <br /> Bon, le fraisier maintenant. Je ne saurai jamais le faire mais je vais me régaler en imaginant que si...
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  • Blog de cuisine et de petites histoire ; Le principe ? Tout un plat, toute une histoire... Quand l'inspiration est là, la recette est dédiée à un personnage de mes paysages réels ou rêvés : Vouivre, Hopper, San Antonio, André Breton, Maroc, Italie, enfanc
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